C’est quelque part du côté du Marché aux Vaches que tout a commencé. Je faisais mes visites comme d’habitude. J’ai failli marcher sur une bestiole ; il y a trop de rats dans cette ville. Pour le premier malade, je n’étais pas sûr. Mais il y en a eu un autre, et encore un autre. Très vite, ce ne fut qu’un seul cri : « La peste ! ». La vague noire passait comme une rafale. Au début, elle n’a touché que des buveurs de ambour et de goudale, ouvriers, journaliers terrés au fond de leurs masures. Puis elle atteignit les beaux quartiers, et elle n’épargna plus personne. Les notaires n’avaient plus le temps de signer les testaments. Les clercs s’écroulaient en portant l’extrême-onction. Les apothicaires tombaient la tête dans leurs remèdes préservatifs. Et les physiciens, et les marchands, et les magistrats. Tous à la même enseigne.
Et in Tornaco ego, nouvelle historique, Ed. revue Sol’Air. Nantes. 2002
Nouvelle primée au Concours de
la Nouvelle Historique de Tournai