Le jeudi 29 juin 1911 à 12 heures 14 minutes 34 secondes, un vent assez faible du sud-ouest poussait jusqu’à ma porte un jeune artilleur à moustaches transpirant dans son uniforme bleu dont mes miroirs tout neufs s’emparaient et multipliaient en une kyrielle d’alter ego. Réel ou virtuel, j’accueillais dans mes murs un bataillon de fumeurs, et l’été n’était pas terrible. Aujourd’hui, ce 29 juin 2012 à 12 heures 10 minutes et quelques poussières, je serais un café sans mystère si trois étudiants de Saint Luc, cigarette au bec, ne complotaient sur mon trottoir. Les portables sonnent. Et l’été n’est toujours pas terrible.
Je serais un café sans mystère si… in Cartographies Picardes,
Edition Unimuse, Mayak, Maison de la Culture de Tournai, 2017