Au bout de la nuit, aveugle
Il y a toujours un autre possible
Echangerais un fantôme ivoire contre un De Profundis, ou deux petits caillés contre le tunnel de la négritude. J’ai aussi un bout d’innocence à proposer contre ce tas de poussier. Ou encore un soleil inondé délavé contre un carré de luzerne noire.
L’envers de l’envers
les soustractions des contraires
Le monde se plisse et tourne de l’œil tu t’encres le doigt un bruit noir souffle sur la Chine des peurs en chaîne — viens avec moi —
Et toi qui t’es mis à écrire
Pointe creux pointe glissement
Je peux dire ce qui sort du noir — mais pas plus — une erreur dans le Tao la demoiselle en camisole pâle un jour imparfait épelant sa grammaire des cris de seul à seul
Ce bruit noir fait son lit comme il se couche
Je ne peux pas dire que je regrette
C’est si chaud le noir quand ça brûle pour deux
C’est ainsi que l’enfant
J’apprends à écrire par tags et lueurs
C’est ainsi que l’enfant dans la nuit des temps
Tu m’aspires non fini je te plume de pie tu me glauques une aspirine par dessus et voilà
Il faut bien le dire Nous sommes des carnassiers des prédateurs bref nous aimons le Verbe Et y planter les dents
Ce noir devrait être rouge
Il y a toujours un autre possible
L’insulte ou l’invocation monte à la gorge mais pas plus haut
Noir noir ou noir noir noir ?
J’ai appris à écrire dans le journal d’anthracite des signes de fougères
C’était pendant le jurassique — Bien
Il y a des brèches osseuses dans le squelette de l’humanité
Et l’enfant
Une figure de craie une géométrie erratique l’horizon se virgule et j’en passe au jaune
Entrer donc dans la nuit s’absoudre de tant de noirceur
Le noir a encore grandi je ne sais qu’en faire
Il a encore grandi
Et l’enfant
Aussi
Colette Cambier
Texte d’après une gravure
pour l’expo Christian Rollet, Tournai 2003