L’aube joue d’épinette blanche sur friselis de brume

Et l’arbre est là, à musiquer ses ombres
— mon enfant, mon feu-fleur, mon amour —
Il n’y a concert qu’au vitriol. Ils ne mourront pas d’être trop raisonnables
Peut-on confondre vapeurs et braises et mourir à petit flirt.

Pépites au carré du matin
Puis terres et cuivres : ils piquent du bec un soleil roux
Un cri pour un rire
Et ça cymbale, ça siffle affolé de lumière
Autant dire épines et clefs du ciel

Ecoutez, doux-amers, les écorchés du petit jour
Balbutier
Remercier
Se consumer

Ô ma joie, dis-tu parfois

L’arbre ouvre tout grand ses bras
— place à l’oiseau de passage —

et se hisse vers sa finitude.

Colette Cambier
Wez, mai 1996