La rivière, ils ne connaissent qu’elle. Tantôt elle nourrit le pays, tantôt elle le dévaste. Avec le bois, elle est leur berceau, leur gagne-pain, leur raison de vivre. Elle scande toute leur vie d’homme, façonnée par les longs hivers, par la dureté du climat, leur vie d’homme courageux, méfiant face à ‘l’inconnu, indépendant. Et les saisons passent. Et les hommes naissent, vivent et meurent. Le mélèze aussi meurt ; le mélèze les porte, le mélèze les fait vivre. On achemine ainsi les troncs vers le Midi depuis des siècles, en en faisant des embarcations précaires. Le bois barbote longtemps dans l’eau. Les hommes ont le pied léger comme des oiseaux. N’est pas radelier qui veut ! La radellerie, c’est l’aventure. Une aventure toujours répétée, familière et risquée à la fois.
Le Radelier de la Durance, nouvelle, Collectif, In Périples, Ed. Luce Wilquin 2001
Nouvelle sélectionnée au Concours de la Nouvelle,
organisé par la Communauté française.